Pleins feux sur le passeport de vaccination

March 01, 2021

La presse a récemment consacré de nombreuses unes au passeport de vaccination. Suite à un sommet européen de deux jours sur la question, les médias ont laissé entendre qu’un tel passeport serait bientôt instauré. Les réactions des partisans et des opposants sont vives. Logique : l’introduction d’un passeport vaccinal pourrait avoir des conséquences majeures pour nous et nos clients. Prenons donc un peu de hauteur pour aller au-delà des grands titres des quotidiens.

 

Tout est dans les mots…

Attention : débat linguistique en vue. Les termes souvent entendus sont certificat de vaccination, passeport de vaccination et passeport Covid (ou coronapass). Il s’agit pourtant de trois choses différentes. Le premier fournit une preuve de vaccination. Ni plus ni moins. Le second fournit une preuve de vaccination et peut être utilisé pour vous permettre d’accéder à quelque chose. Par exemple, un restaurant ou un avion. Le passeport Covid est similaire, mais plus large que le passeport de vaccination, comme nous le verrons plus loin.

 

Coup d’envoi du débat

C’est le Premier ministre autrichien Sebastian Kurz qui a lancé le débat en mettant ce sujet à l’ordre du jour. Sa proposition a été sortie de son contexte avant même qu’elle soit déposée. Les médias ont unilatéralement évoqué un passeport de vaccination, alors qu’il a initialement une base beaucoup plus large (= passeport Covid). Dans sa proposition initiale, M. Kurz parle d’un passeport qui peut être utilisé pour rendre plus de libertés aux personnes qui ont été vaccinées ou qui se sont rétablies après avoir contracté la Covid et ont développé des anticorps, ou qui ont récemment été testées négatives. Ce dernier ajout est particulièrement intéressant. Cela signifierait que les résultats du test PCR actuel, qui est déjà obligatoire pour de nombreuses destinations, seraient intégrés dans le passeport. Dans la proposition de M. Kurz, le passeport n’est pas un privilège pour les personnes vaccinées. Il s’agirait, en revanche, d’une preuve que vous n’êtes pas infecté par la COVID-19.

 

Ce qui a vraiment été décidé au sommet de l’UE

HLN a titré « Tout le monde est d’accord sur le passeport de vaccination numérique avant l’été ».

Sky News, un peu moins européenne, a résumé le message comme suit : « Les dirigeants de l’UE se sont divisés sur la question des passeports vaccinaux qui permettront aux Européens de voyager cet été ».

Pour savoir ce qui a réellement été décidé, nous nous sommes plongés dans les communiqués de presse du Conseil européen. Dans le cadre de la conférence de presse, notre compatriote Charles Michel a dit : « Nous avons également discuté des certificats de vaccination. Nous avons convenu de poursuivre nos travaux sur une approche commune. Il reste du travail sur la numérisation et la coopération avec l’Organisation mondiale de la santé. Mais ce soir, nous avons senti une convergence de plus en plus grande entre nous sur ce thème important. Le Conseil européen reviendra sur cette question ».

Dans le communiqué officiel qui a suivi, ce point a encore été édulcoré : « Nous appelons à la poursuite des travaux sur une approche commune des certificats de vaccination et nous reviendrons sur cette question ».

Qu’en déduire ? Premièrement, une approche commune existe quant au certificat de vaccination (et pas le passeport). Deuxièmement, il reste encore beaucoup de travail. Troisièmement, il est clair qu’il n’y a toujours pas d’accord sur les détails (voir ci-dessous).

 

Le désaccord prévaut

L’élaboration d’un certificat commun pose problème. Le désaccord tourne autour de ce qui peut et doit se passer avec ce certificat. Parmi les opposants à l’introduction d’un passeport de vaccination figurent la Roumanie, l’Allemagne, la France et notre propre pays. Certains parlent de mauvais timing. D’autres parlent de mauvais signal ou de discrimination.

 

Le passeport vert en Israël

Les partisans font souvent référence à Israël, où un passeport vert a récemment été instauré. Ce document donne droit à plus de liberté. Sur le site officiel du ministère de la Santé, vous pouvez lire ce qui suit : « Un passeport vert est un document officiel qui confirme que vous avez reçu une deuxième dose ou que vous êtes rétabli après la maladie. Si vous avez droit à un certificat de rétablissement ou de vaccination, vous pouvez demander un passeport vert. Le passeport pour les personnes vaccinées est valable six mois ; pour celles qui se sont rétablies, il est valable jusqu’au 30.6.2021 ».

Le Walhalla de la liberté éternelle retrouvée n’est donc pas encore en vue. Qu’en sera-t-il après 6 mois ou après le 30/06/2021 ? L’avenir nous le dira.

Il convient donc de faire preuve de nuance sur ce sujet.